Juliette Drouet à Victor Hugo, 7 février jeudi matin 8h1/2 1849

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Juliette Drouet à Victor Hugo, 7 février jeudi matin 8h1/2 1849

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Inscription manuscrite - 7 février [1849], jeudi matin, 8 h. ½Bonjour, mon cher petit Toto, bonjour, mon adoré, bonjour. Je t’aime. Je l’ai encore échappé belle hier, mais ce n’est que partie remise puisque la dame doit venir demain. Je voudrais pouvoir me faire illusion sur l’imminence de mon malheur mais je ne le peux pas. Je connais trop les allures de cette donzelle pour espérer qu’elle en changera avec vous. AU CONTRAIRE, elle passera du noir au blanc, du plaisant au sévère, de L’ACIDE au doux, de l’Alexandre Dumas au Victor Hugo. Je sais mon affaire par cœur, voilà pourquoi je ne me fais pas illusion. Voime, voime, ça n’est pas très drôle car je suis très décidée à vous tuer, monseigneur, vois-tu bien, comme un lâche, comme un infâme, comme un chien [1]. Je n’ai que cette ressource-là. Aussi j’en userai jusqu’à la dernière gouttea. Taisez-vous et tenez-vous sur vos gardes du corpsb et du cœur.Comment allez-vous ce matin ? Ma fureur ne va pas jusqu’à rester indifférente à vos MALADIES. Voilà un temps qui doit faire du bien à votre gorge. À quelle heure vous êtes-vous couché hier ? Vous devriez, mon cher petit home, ne pas veiller tard tout le temps que vous avez mal à la gorge. Cette précaution vaudrait mieux pour vous que tous les gargarismes d’alun. Si j’étais auprès de vous je vous tourmenterais pour vous forcer à perdre cette mauvaise habitude de veiller. Mon pauvre adoré, tu as trop abusé jusqu’à présent de ta force, de ta santé et de ton courage. Il serait temps de souffler sur un des bouts de ta chandelle. Plus tard il n’y aurait peut-être plus mèche, comme dit Saint-Augustin, et, sans renoncer aux lumières de ton siècle, je te conseille de brûler un peu moins de bougie et de consommer un peu plus de soleil. Essayez-en et vous verrez lequel de nous deux est le moins bête. En attendant, je veux bien que ce soit vous.Juliettea) « goute ».b) « corp ».[1] Citation de la fin de Ruy Blas, où le héros, s’apprêtant à tuer don Salluste, prévient : « Oui, je vais te tuer, monseigneur, vois-tu bien ? / Comme un infâme ! comme un lâche ! comme un chien ! » (Acte V, scène 4, v. 2207-2208.) On ne sait de qui Juliette est jalouse ici. À cette époque, Hugo fréquente Alice Ozy.

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1849
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Paris Museum
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